mardi 6 août 2013

Bons baisers de Munich: James Bond et l'Inspecteur Derrick








La légende veut que la célèbre série policière trouve sa source dans les premières années du cinéma, dans les années 1900. Les inconditionnels de 007 pourrait faire une attaque en apprenant que l'inspecteur allemand est plus jeune d'une dizaine d'années que l'espion britannique.

En effet, James Bond voit son premier volet officiel, Dr No, envahir les salles obscures en 1962.
L'Inspecteur Derrick arrête son premier suspect en 1974.
On pourra observer la coïncidence cependant entre les débuts de Roger Moore en 007 dans Vivre et laisser mourir cette année-là et ceux d'Horst Tappert, l'interprète de Derrick. Le lien est souvent fait, Roger Moore étant considéré comme trop intellectuel et Tappert trop lymphatique et cérébral. Si le policier allemand est présenté dans Les Visiteurs 2 comme la vedette des maisons de retraite, les créateurs de la saga Jason Bourne avec Matt Damon (elle-même déjà reboot qui s'ignore volontairement d'une version télévisuelle de Bourne avec Richard Chamberlain) ainsi que l'équipe de Casino Royale en 2006 prétendent y envoyer Roger Moore comme nouveau pensionnaire. Pari outrecuidant et passablement raté...



Néanmoins, L'Inspecteur Derrick se voit parfois confier des affaires d'espionnage où les adversaires sont italiens (la Mafia) ou hongrois (syndicat du crime). Il peut aussi intervenir dans des affaires dignes de la Guerre Froide.
C'est le cas de l'épisode 9 de la saison 6 intitulé Un congrès à Berlin. Dans cet épisode, un gardien de nuit est poignardé par quelqu'un qui aurait volé des papiers classés top-secrets.
C'est aussi le cas de l'épisode 2 de la saison 17, réalisé par Horst Tappert en personne, intitulé Guerre d'industrie et qui met en scène des meurtres liés à des brevets de trouvailles scientifiques révolutionnaires.
Dans un épisode, l'un des adversaires de Derrick use d'une bague dissimulant une aiguille empoisonnée pour tuer ses victimes. Il s'agit d'une affaire d'espionnage.

Mais James Bond et Derrick ont aussi des vedettes communes:

On retrouve par exemple le grand et incontournable acteur allemand Curd Jürgens, aussi réputé pour ses rôles dans des films français comme Et Dieu créa la femme ou dans des adaptations de romans au cinéma comme Michel Strogoff de Jules Verne où il joue l'espion russe. Dans L'espion qui m'aimait, il est Carl Stromberg, sorte de nouveau Capitaine Némo, qui décide de détruire l'écorce terrestre. Dans ce rôle, il reste en jonction avec l'univers vernien. Dans la série Derrick, il joue Paul Bubach, un séducteur qui emmène des femmes à l'île de Madère au Portugal pour les assassiner. Il s'agit de l'épisode 4 de la saison 2 intitulé Voyage à Madère.




On retrouve également, plus jeune, les cheveux plus long et bien plus craintif, le Général Urumov de Goldeneye, alias Gottfried John, également connu en France pour le rôle de César dans Astérix et Obélix contre César aux côtés de Depardieu, Clavier et Begnini. On le retrouve dans deux épisodes différents d'Un cas pour deux et un épisodes du Commissaire Brunetti, deux autres grandes séries allemandes. Dans Derrick, épisode 11 de la saison 3 intitulé La superbe chose, il interprète Krumbach, un jeune truand complice d'un crime à la conscience agitée.



Une vedette allemande du Parabond fait aussi une fracassante incursion dans l'univers du policier germanique: il s'agit de Klaus-Maria Brandauer, plus réputé pour des films d'auteurs (comme Méphisto ou Colonel Redl d'István Szabó dont il est l'acteur fétiche). Dans Jamais plus jamais, il reprend le rôle d'Adolfo Celli dans la saga officielle, celui d'Emilio Largo qui devient Maximilian Largo. Mégalomane, fanatique du jeu vidéo et fervent lecteur des légendes sacrées musulmanes qui lui servent de codes secrets, il est l'un des plus incroyables adversaires de 007. Dans Derrick, il interprète Erich Forster dans l'épisode 8 de la saison 2 intitulé Une affaire étrange. Forster est le client du prêteur sur gages Karusska et l'amant de son employée. Jaloux, l'usurier tente de le supprimer.







Beaucoup de liens donc, et plus qu'insoupçonnés entre James Bond et l'Inspecteur Derrick!
Témoins magistraux, certaines pauses et surtout leurs musiques qui sont l'une comme l'autre dans toutes les têtes:






samedi 3 août 2013

"What's your hobby? / Resurrection!": James Bond contre le Dr Who



1962/1963: deux légendes d'aujourd'hui 50 ans viennent au monde dans les années 60.
1962, année de la crise des missiles de Cuba, voit apparaître James Bond. On notera l'oubli impardonnable de Claude François dans sa chanson Cette année là.
1963, l'année de l'assassinat de Kennedy, voit apparaître le Tardis du Dr Who.
Le premier est un symbole britannique fort et célèbre dans le monde entier.
Le second, parce que télévisuel, est une institution britannique méconnue du reste du monde.

Quels sont les liens qui existent entre Le Commandeur et Le Docteur?

1. Time Lords

Une des sempiternelles critiques opposées à Bond est sa jouvence incroyable et peu réaliste.
Chacun y est aller de sa théorie (Différents agents sous un même nom, films à cuvée comme du champagne). En 2012 avec Skyfall, Sam Mendès tranche ce noeud gordien avec une explication des plus inattendues et des plus folles: James Bond serait un Seigneur du Temps doué de 12 vies tel le Docteur Who. Pour cette raison, son scénariste, John Logan fait dire à James Bond qu'il se passionne pour la résurrection rappelant le carrollien scénario de l'auteur Roahl Dahl pour On ne vit que deux fois.
Cela permet l'une des explication pour l'emploi de six interprètes différents en 50 ans puisque le Docteur en compte lui 11 et bientôt 12. Cela permet de rendre possible un improbable James Bond noir que seule une régénération de Seigneur du Temps de la planète de Gallifrey pourrait créer. De nombreuses argumentations d'inconditionnels de la saga 007 ou de la série du Docteur circulent sur internet.
On pourra également comparer les affiches d'interprètes pour les 50 ans de chaque univers. Elles sont assez semblables:








D'autre part, il est à noter que deux Dr Who ont prétendus au rôle de 007:
Le huitième et très bref Docteur campé par Paul Mcgann. Ce dernier s'était présenté au casting de Goldeneye (Cf l'article sur le combat des pretenders)
Le dixième et très présent (jusqu'à obtenir l'ubiquité) Docteur interprété par David Tennant. Il existe même des pétitions pour le faire sélectionner dans le rôle du célèbre espion.

A contrario, c'est l'ex-007 Roger Moore qui demande à jouer dans la série du Docteur Who et que l'on verra pet-être un jour dans le rôle de l'extra-terrestre.

2. Tenue correcte exigée

Quand on prononce ce nom, Bond, James Bond, on pense tout de suite au smoking noir ou blanc de Sean Connery. Car ce nom est synonyme d'un certain raffinement et d'un certain goût vestimentaire - assez luxueux et onéreux.



Le Docteur Who est plus connu pour ses habits loufoques et fantaisistes à l'image du quatrième d'entre eux (Tom Baker) qui offre un look bohème et une écharpe sans fin. Dans l'épisode spécial Les cinq Docteurs, le troisième critiquera leur goût vestimentaire commun, jugeant que ce dernier ne s'est guère amélioré avec le temps.


(vous pouvez aller voir cet épisode en suivant ce lien:
http://doctorwho-classic.blog4ever.com/blog/lire-article-507782-9372774-arc_129___special___les_cinq_docteurs__the_five_do.html.
Le site permet de revoir en version sous-titrée française l'ensemble des anciens épisodes de la série)



Pourtant sur ce point, Bond et le Docteur sont très proches. Car Timothy Dalton cherchait déjà à arborer un look plus bohème, et Daniel Craig porte l'écharpe.



Mais surtout, il est possible de voir le Docteur en smoking.
Le troisième, campé par Jon Pertwee, porte souvent l'alpaga.



Le dixième (David Tennant) est toujours en smoking sous son imperméable digne de Colombo et assiste à certaines soirée en smoking noir et solennel.



Cette photo le rapproche d'ailleurs assez de James Bond:



Quant au onzième, joué par Matt Smith, il met un point d'honneur à porter le noeud papillon sans lequel il se sent défiguré.


(excellent fond d'écran créé par un inconditionnel
de la série)



3. Acteur Who?

Plusieurs vedettes sont communes aux deux univers. Nous allons les classer par volet de James Bond.

A. Goldfinger

Qui ne se rappelle pas la séduisante Pussy Galore interprétée par Honor Blackman?
C'est pourtant la même actrice qui, ayant pris de l'âge, a campé le Professeur Laski de l'épisode Terror of Vervoids pendant l'ère du sixième Docteur (Colin Baker):



B. On ne vit que deux fois

Enfin une chance pour Mendès de prouver ce qu'il pense. Seul un autre habitant de Gallifrey pourrait identifier Bond comme mort pour sauver les apparences. Or, le policier qui retrouve Bond mort au début de ce volet est joué par Anthony Ainley, l'un des plus fameux interprètes du Maître, ennemi mortel du Docteur.

C. Au service secret de Sa Majesté

Il s'agit d'un volet de James Bond qui regorge d'actrices visibles dans le Docteur Who:

Joanna Lumley, connue pour être la première femme à interpréter le Docteur dans l'épisode parodique Curse of the fatal death d'un certain Steven Moffat (à l'origine de la nouvelle série démarrée en 2006) y joue une femme anglaise, patiente de l'Institut Bleuchamp.









Catherine Schell, notamment réputée pour la série futuriste Cosmos 1999, joue Nancy, une autre patiente de l'institut dans le film de James Bond et la Comtesse Scarlioni dans l'épisode le plus célèbre du quatrième Docteur (Tom Baker) La cité de la mort.





Enfin, on trouve aussi Diana Rigg, alias Tracy Draco, le grand amour perdu de l'Ancien Bond, qui joue Mrs Gillyflower, une vieille femme aux troubles secret, dans l'épisode Le cauchemar écarlate.
Mais on trouve aussi le discret Bernard Horsfall qui joue l'auxiliaire Draco, Campbell,  véritable ange gardien de 007, et plusieurs rôles tels que Taron, Gulliver et le Chancelier Goth dans le Docteur Who.




D. Rien que pour vos yeux

Un acteur en commun mais pas des moindres! Un acteur qui se paie le luxe d'affronter Indiana Jones, John Steed, Emma Peel, Tara King, Derrick, Luke Skywalker, Harry Potter, Achille, James Bond et le Docteur!
Il s'agit de Julian Glover, interprète du détestable et insidieux Aristotes Kristatos de Rien que pour vos yeux. S'il n'est pas bien original dans son interprétation d'un ennemi de Bond, il se rattrape dans La cité de la mort, décidément le plus bondien des épisodes du Docteur Who, où il campe le dernier des jagaroth, créatures combattues par le Docteur dans le tout premier épisode de la série mythique. Son personnage, Scaroth, cherche à voler la Joconde sous des déguisements et pseudonymes toujours changeants: le Comte Scarioli, le Capitaine Tancredi. On se rappelle ce Fantômas extra-terrestre pour son costume blance de gangster et sa tête verte de cervelle.







Il a également joué plus tôt dans la série le personnage historique de Richard Coeur-de-Lion dont on apercevra le frère sous l'ère du cinquième Docteur:





E. Octopussy

C'est encore un méchant que les deux univers ont en commun. Mais bien habile qui saura le trouver!
Car il s'agit de Steven Berkoff, le général Orlov, fou de guerre soviétique qui se heurte à James Bond.



Dans la saison 7 de la nouvelle série du Docteur Who, le même Berkoff incarne le pire cauchemar des Seigneurs du Temps, le Shakri, destructeur d'univers qui envahit la terre avec...des cubes. Berkoff est méconnaissable et effrayant.



F. Tuer n'est pas jouer et Permis de tuer

Et si James Bond et le Docteur luttaient l'un contre l'autre?
Cela est rendu possible dans l'épisode spécial du Docteur Who , End of time, où le Docteur campé par David Tennant affronte Lord Rassilon réssucité par le Maître. Rassilon (cf Dark Bond) est incarné par Timothy Dalton, l'interprète de l'espion dans les deux volets susnommés.



G. Demain ne meurt jamais

Belle promesse aux spectateurs pour un volet rempli d'interprètes de la série du Docteur Who:

Les collègues de 007 arpentent l'univers farfelu du Seigneur du Temps. Samantha Bond alias la troisième Miss Moneypenny de la saga joue Mrs Wormwood vue dans le spin-off Les aventures de Sarah Jane.
 Colin Salmon, connu pour son rôle dans le premier Resident evil, alias Charles Robinson analyste puis chef de la sécurité au MI6, joue les inquiétants psychiatres irréels dans La Bibliothèque des ombres, épisode en deux parties du dixième Docteur. Fait amusant, il s'appelle Moon comme l'ennemi principal de 007 dans Meurs un autre jour.
Dans ses deux rôles, il joue un équivalent noir du héros.




Mais l'armée de 007 se perd aussi dans les méandres du Docteur:
L'Amiral Roebuck qui s'oppose à M est joué par Geoffrey Palmer, l'interprète du Capitaine Hardacker, qui s'oppose au Docteur pour faire sombrer sur terre une réplique du Titanic.




L'officier en chef du HMS Bedford est campé par Hugh Bonneville, celui qui joue aussi Henry Avery, personnage central et marquant de l'épisode hommage à Stevenson La malédiction de la marque noire.


Enfin, l'ennemi de 007 de ce volet, Eliott Carver, est magistralement interprété par Jonathan Price, célèbre pour Brazil de Terry Gilliam mais aussi pour son jeu dans le rôle du Maître dans l'épisode parodique du Docteur Who Curse of the fatal death




H. Le monde ne suffit pas

Seul acteur commun, le célébrissime John Cleese au plus fort de son art dans La Cité de la Mort où il joue Jon Bron, un amateur d'art qui s'exalte devant le Tardis en compagnie de sa femme quand surgit le Docteur et sa bande qui s'introduisent à l'intérieur et disparaissent avec lui.

Dans Le monde ne suffit pas, il joue l'apprenti de Q avant de le remplacer dans le volet suivant. Bond, campé par Pierce Brosnan s'amuse à le surnommer R puisqu'il vient après Q.
Il parvient de façon assez savoureuse à reprendre certains aspects plaisants de son prédécesseur tout en prêtant à son personnage son humour propre d'ex-monty python.







I. Parabond

Deux volets du Parabond sont à prendre en compte: Casino Royale de 1967 et Jamais plus jamais de 1983.

Dans le premier, on trouve Polo, un cyborg coureur de jupon, surveillant général d'un faux internat de jeunes fillesà la solde du Chiffre. Polo est joué par Ronnie Corbett, l'interprète de Rahnius, un être de la race de la famille Slitheen dans Les aventures de Sarah Jane. Sn épisode fait d'ailleurs référence à Bons baisers de Russie en en reprenant le titre pour nommer la planète des Slitheen:
From Raxacoricofallapatorius with Love.


Dans le second on trouve Rowant Atkinson, connu de tous sous le nom du désopilant Mr Bean. Il interprète le peu discret associé de Bond Smallfacet, belle annonce du Johnny English à venir aux côtés de Sean Connery, le plus mythique des interprètes de 007. Mais il joue aussi dans Curse of fatal death le rôle du Docteur, à savoir le neuvième avant l'heure, mais surtout le plus présent de toutes les incarnations du Docteur dans cet épisode parodique. 




En outre, on pourra aussi trouver l'audio-drama du Dr Who intitulé Oméga, mettant en scène ce personnage éponyme présenté comme le premier des Seigneurs du Temps, où l'on trouve parmi les membres du casting Caroline Munro alias Naomi dans L'Espion qui m'aimait.



Deux mythes où toutes les marques de l'english way of life se conjuguent. Deux univers drôlatiques bien à l'anglaise à voir et confronter sans modération.



(photo insolite sur internet où 
Peter Davison alias le 5th Docteur
pose en tant que 007)